8 Flammerige 1392

3 Flammerige 1392

Plusieurs jours durant, nous avons écumé la région de Padhiver ainsi que celle de Sarmagol en quête de débouchés commerciaux pour dame Sa'sani. Nous nous sommes d'abord rendus à Grandroche, une ville voisine du Fort-de-la-Croisée, dans laquelle nous avons établi un comptoir commercial. Le Fort dispose à présent d'un accès à la mer et de nombreuses caravanes marchandes parcourent à présent la route qui le relient à Grandroche. 

Nous avons ensuite atteint Padhiver pour enquêter sur la disparition des associés de dame Sa'sani. La ville est totalement méconnaissable : ses rues sont pratiquement désertes et la plupart de ses quartiers sont fermés aux étrangers. Je ne reconnais plus la cité animée dans laquelle j'ai fait escale avec Kirth, l'année dernière... Padhiver semble avoir été durement touchée par la guerre des ombres ; sans l'action d'Emilia Ders, la ville aurait probablement été détruite de fond en comble. Quoi qu'il en soit, les autorités locales semblent prêtes à tout pour reconstruire rapidement la ville. Elles ont donc concédé d'énormes privilèges à trois cartels marchands en échange de monnaie sonnante et trébuchante. Il est très vite apparu que les associés de dame Sa'sani avaient essayé d'établir des contacts avec ces cartels mais tous ont refusé de nous recevoir, à moins que nous ne rejoignons leur organisation. Entrer dans l'un de ces cartels étant très coûteux, nous avons dû quitter Padhiver sans la moindre information.

Avant de partir, nous nous sommes rendus dans un étrange bâtiment qui contenait une enclave de magiciens thayens, ces mages rouges ambitieux qui ne voient en la magie qu'un moyen de devenir sans cesse plus puissants. Aussi étrange que cela puisse paraître, nous avons sympathisé avec le magicien qui tenait cette enclave destinée à commercialiser certains objets magiques thayens. Il nous parla d'un bien étrange phénomène, l'apparition, un peu partout sur Féérune, de points nodaux dans lesquels se concentrent une puissante forme magique. Depuis plusieurs mois, il étudie ces points nodaux qu'il estime pouvoir représenter un danger : peut-être s'agit de points de contacts avec d'autres plans voire même de fissures entre les différents de plans de notre univers... Vu ce que papa et maman m'ont raconté de Sigil, ou pire encore de Baator, il est évident qu'un passage entre les plans ne peut guère nous être bénéfique... Sans compter l'implication des giths dans la récente guerre des ombres. Nous avons donc décidé de l'aider dans ses recherches, d'autant plus que nous avions aperçu l'un de ces points dans une caverne en Samarach. Il nous confia donc un appareil permettant de prendre des mesures à propos de ce point nodal et nous promit une généreuse récompense en cas de succès.

Nous avons donc rejoint le Fort-de-la-Croisée, en vue d'emprunter le portail qui s'y trouve et de retourner ainsi dans les jungles du Chult. Avant d'emprunter le portail, j'eus toutefois une bonne idée : comme nous manquions de fonds, pourquoi ne pas profiter de notre voyage pour réaliser un bénéfice ? Ici dans le nord, les peaux de worgs sont abondantes et les prix sont faibles, tandis que, dans la région de Sarmagol, ces animaux sont inconnus et leurs peaux se vendent à bon prix. J'ai donc convaincu mes compagnons d'acheter de grandes quantités de fourrures que nous avons revendues une fois arrivés dans le sud. Le bénéfice de l'opération ne fut pas négligeable : l'ensorceleuse que je suis se trans forme peu à peu en marchande!

Après avoir pris les mesures du point nodal que nous avions découvert, nous avons rejoint le Fort-de-la-Croisée avant de prendre la route de Padhiver. Nous avons communiqué nos résultats au mage thayen qui nous récompensa, tout en nous demandant de poursuivre nos recherches, ce que nous ne manquerons pas de faire si nous découvrons d'autres points nodaux. Grâce aux bénéfices réalisés à l'aide de la vente de fourrures, nous disposions de suffisamment de fonds que pour pouvoir intégrer l'un des cartels marchands qui opérait dans la ville.

Les trois cartels avaient des profils bien différents. Le premier entre eux était appelé "Les Vents du Destin" et semblait avoir établi des contacts avec le Zentharim. Ce cartel semble avoir eu recours aux extorsions et aux menaces, il n'était donc pas question de collaborer avec eux. Le second était baptisé "La Société des amis" et reversait une bonne partie de ses bénéfices à des oeuvres philanthropiques : c'est avec eux que je voulais travailler, des gens de bien qui oeuvrent pour améliorer le sort de leurs semblables. Néanmoins, Inshula et surtout Szenzik ont fini par nous convaincre de collaborer avec "Les seigneurs oubliés", une société qui pratiquait le commerce en toute légalité mais ne redistribuait ses bénéfices qu'à ses actionnaires. Szenzik est quelqu'un de bien mais il a avancé un argument qui a convaincu la plupart de mes compagnons : le temps ne joue pas pour nous. Nous avons besoin de ressources financières rapidement et cela, "La société des Amis" ne pouvait pas nous l'assurer. Déçue, j'ai dû me plier à la volonté du plus grand nombre.

Les responsables des "Seigneurs oubliés" nous ont appris que les associés de dame Sa'sani avaient été vus en train de discuter avec le responsable d'un cartel concurrent, "Les Vents du Destin", un certain Jordan Wright. Nous nous sommes empressés d'aller l'interroger mais il a tout nié en bloc avant de nous faire expulser. Nous avons donc rejoint le Fort-de-la-Croisée pour présenter nos résultats à dame Sa'sani.

Celle-ci fut très satisfaite de nos réalisations et nous remit une partie des bénéfices que sa société avait réalisés grâce l'établissement de la liaison avec Grandroche et à notre récente collaboration avec les "Seigneurs oubliés". Elle nous conseilla d'attendre patiemment que Jordan Wright commette une erreur et de mettre ce temps à profit en grimpant dans la hiérarchié du cartel des "Seigneurs Oubliés". Peut-être aurons nous ainsi la possibilité d'en apprendre davantage. Une chose m'a toutefois intriguée : la réaction de l'adjoint de dame Sa'sani au Fort-de-la-Croisée. Il semble toujours minimiser nos efforts et semble opposer à ce que nous enquêtions sur Jordan Wright. Son attitude me déplaît fortement et je ne pourrais dire s'il est impliqué dans cette mystérieuse disparition ou s'il est tout simplement jaloux de nos succès. J'ai parlé de tout cela à Kirth, Théa et Szenzik qui partagent tous mon aversion pour ce personnage...

Nous n'avions cependant pas le temps d'enquêter à son sujet. Nous avons en effet pris immédiatement la route de Port-Last, une petite bourgade située au nord-ouest de Padhiver. Les "Seigneurs Oubliés" avaient émis le souhait de rétablir le commerce de l'ivoire avec cette localité, commerce interrompu depuis une dizaine de jours, sans raison apparente. Tout en cheminant vers Port-Llast, nous avons établi quelques comptoirs supplémentaires. Espérons que la compagnie de dame Sa'sani en bénéficiera.

Arrivés à Port-Last, nous avons rapidement découvert que les choses allaient très mal. La ville était frappée par deux fléaux : d'une part, une tempête permanente balayait ses côtes et empêchait tout navire d'accoster, d'autre part, des zombies s'attaquaient tous les soirs à la ville... Nous avons immédiatement repris la route, en direction d'un temple d'Umberlie situé au nord du village. Peut-être ses habitants ont-ils provoqué d'une manière ou d'une autre le corroux de la divinité... Nous ne pouvions atteindre le sanctuaire ce soir et nous voilà arrêtés pour la nuit. J'espère que nous pourrons tirer tout cela au clair dès demain...