9 Kythorn 1312

9 Kythorn 1312

Quelle splendeur que ce sanctuaire de glace ! Ses murs scintillaient délicatement au moindre rayon de soleil. Je n’avais jamais vu un tel bâtiment et n’aurai sans doute jamais l’occasion d’en revoir un.

Malgré notre admiration face à ce chef-d’œuvre architectural, nous étions conscients du fait qu’il nous fallait à tout prix le détruire. Il était non seulement le repaire des Aurilites qui ne cessaient de nous attaquer mais aussi le principal obstacle qui nous empêchait de traverser la Passe Occidentale.

Nous passâmes cinq jours entiers à explorer tous les coins et recoins de cet immense sanctuaire voué à Aurile. Au premier étage, nous parvînmes à libérer les pauvres hères que le clergé d’Aurile retenait prisonniers. Il s’agissait des rares survivants de l’expédition de Padhiver et nous les avons invités à rejoindre au plus vite l’astronef d’Oswald pour rejoindre Targos. Parmi eux se trouvait cependant quelqu’un qui ne venait pas de Padhiver mais de Kuldahar, un druide du nom de Nathaniel.

Nathaniel nous raconta qu’il était venu enquêter sur la création de cet immense glacier qui isolait non seulement Targos mais aussi Kuldahar. Malheureusement pour lui, il avait été capturé et croupissait dans les geôles du temple depuis plusieurs jours. Il nous apprit le sort horrible réservé aux prisonniers : chaque jour, l’un d’entre eux était sacrifié à Aurile. Quelle abomination ! En apprenant cela, nous avons tous été plus déterminés que jamais à abattre ce lieu. Mais pour cela, il nous fallait vaincre la grande-prêtresse Oria et restituer à Nathaniel ses affaires pour qu’il puisse faire fondre le glacier à l’aide de sa magie druidique.

En explorant le temple, nous avons glané des informations pour le moins inquiétantes : il semblerait que les Aurilites étaient en train de rassembler une véritable armée de barbares pour attaquer Kuldahar. Kuldahar, ce nom revient sans cesse. Nous ne savons que peu de choses à son sujet, si ce n’est que cette petite communauté était protégée par un arbre multiséculaire qui dégageait une intense chaleur et rendait la vie possible dans cette région particulièrement inhospitalière. L’endroit semble important car je me rappelle que le capitaine de la Donzelle Saumâtre nous avait parlé d’une grande bataille qui y avait fait rage il y a une vingtaine d’années. Sans l’intervention d’un groupe d’aventurier mené par une magicienne elfe du nom d’Ellendiel, la communauté aurait été détruite et toute la région aurait sombré dans le chaos. Toujours est-il que les Aurilites et la Légion de la Chimère semblent vouloir lancer une grande offensive contre cette localité.

Après avoir parcouru le temple pendant plusieurs heures, nous avons enfin trouvé Oria, la maîtresse des lieux. Elle nous livra un féroce combat, profitant de la puissance que lui conférait encore Aurile. Elle parvint même à tuer mon pauvre maître Demkin. Je tuai personnellement Oria avant de courir auprès de la dépouille de mon maître. M’agenouillant à ses côtés, je me mis à pleurer. Soudain, il ouvrit les yeux. Il vivait. Ce n’était pas un miracle : la bravoure sans faille de Thorglim avait grandement satisfait Tyr qui lui avait conféré le pouvoir de faire revenir quelqu’un d’entre les morts. Sous l’émotion, je les serrai tous les deux dans mes bras. Maître Demkin, fort ému lui aussi, me demanda d’accepter de porter désormais son nom, ce que j’acceptai : depuis qu’il m’avait recueilli, je l’avais considéré comme un mentor, un ami et un père. Je m’appelle à présent Milo Demkin, il faudra que je m’y habitue…

Nous rejoignîmes ensuite Nathaniel à qui nous rendîmes ses effets. Le druide put alors procéder à la destruction du glacier. L’astronef d’Oswald n’étant pas encore prêt à décoller, nous avons décidé de poursuivre notre route à pied (ce qui semblait également plus sûr) et de traverser la Passe orientale pour rejoindre Kuldahar, menacé par la légion de la Chimère.

Après deux jours de marche au travers d’une steppe enneigée, nous avons atteint une petite communauté villageoise de chasseurs-cueilleurs. Ils nous ont accueillis à bras ouverts et nous nous sommes reposés parmi eux durant quelques heures. Je les mis à profit avec une jeune fille du village nommée Pairi : elle m’approcha intriguée, sentant qu’un pouvoir similaire au sien m’habitait. Effectivement, la jeune fille disposait d’un talent naturel qui lui permettrait de devenir un jour une puissante ensorceleuse. Je lui donnai quelques conseils pour maîtriser ses pouvoirs, sous les regards jaloux d’Elanwen….

Malheureusement, au moment où nous partions, un marchand itinérant nous apprit que la Passe orientale était fortement gardée par la Légion de la Chimère qui y avait disposé des troupes d’élite pour empêcher quiconque de la traverser. Il nous indiqua cependant qu’il existait une autre route pour rejoindre Kuldahar, plus longue et très dangereuse : elle consistait à franchir la forêt maudite à l’est, puis suivre le fleuve du Corbeau noir et longer l’Epine dorsale du monde jusqu’à Kuldahar. Cet itinéraire nécessite que nous nous enfoncions dans l’Ombreterre où les drows règnent en maîtres. Ces perspectives ne nous enchantaient guère mais nous n’avions pas le choix… 

Nous nous sommes alors dirigés vers l’est. A l’orée de la forêt maudite, nous avons vaincu une horrible sorcière qui capturait des enfants du village et absorbait leur énergie vitale pour conserver sa puissance et son éternelle jeunesse. Les enfants rendus à leurs parents, nous nous apprêtons à présent à repartir en direction de la forêt maudite. Cette fois, nous comptons bien la traverser pour rejoindre Kuldahar le plus rapidement possible.